mercredi 7 août 2013

La randonnée Onimus de 2013 : gagner Larche par Les Portes de Longon et Estenc

L'année dernière nous avait vu réaliser la grande traversée nord-sud du Jura en partant de Gellin et jusqu'à Bellegarde. Après cette épopée dans le pays des vaches et des citernes (la montagne du Jura ne connaissant pas les torrents !), nous avons voulu retrouver notre région d'origine et goûter le contraste saisissant que présente le Mercantour.

Nous sommes dix à entreprendre cette longue marche. Pour animer les pauses, multiplier les discussions sur l'itinéraire, animer les changements de dernière minute, enjoliver les soirées et même conter des histoires lors des longues descentes, nous avons réussi à inciter trois jeunes de la famille Onimus à se joindre à cette bande de chibanis! La famille Veisse sera dûment représentée par Annou, c'est désormais la tradition... En résumé, cela donne les participants suivants :
Les chibanis Onimus :
   Jean-Pierre
   Michel et Michelle
   Odile
   Henri
   Marthe
Les jeunes Onimus (où l'on regroupe deux générations)
   Sarah (2ème génération, tout juste 17 ans)
   Guillaume (1ère génération, avec déjà deux enfants)
   Julien (1ère génération)
La famille Veisse :
   Annou
Donc un groupe sympa constitué de dix personnes, ce qui simplifiera les calculs pour régler les refuges.

Lundi 29 juillet Roure - Refuge de Longon

L'affaire débute le lundi 29 juillet, départ de Valbonne prévu à 7h. Trois voitures sont prévues pour monter à Roure : José et Alain nous accompagnent chacun avec leur voiture pour cette première étape et la voiture rouge de Jean-Louis complète la caravane.
La météo annonçant quelques averses pour la matinée, nous décidons de reporter le départ à 8h30, chacun se réjouissant de pouvoir rester un peu plus au lit. La pluie arrive effectivement vers 7h00, d'abord une petite averse mais bientôt suivie par une tornade dont on se souviendra. C'est l'inondation dans toutes les pièces de la maison dont on tient les fenêtres grands ouvertes pour profiter du rafraîchissement de la nuit. Nous partons finalement vers 10h30 après avoir nettoyé les dégâts, ne pensant plus qu'à gravir le Mont Aucelier, premier sommet de la randonnée. Mais après avoir passé Roure, nous découvrons que la route qui mène au petit hameau de Rougios est barrée par des énormes mélèzes abattus par la même tornade. Impossible de passer, il faut garer les autos et reprendre la route à pied. A peine sommes-nous passés que nous entendons les tronçonneuses au travail pour déblayer.


Un premier pique nique s'impose vite, avant même d'avoir atteint Rougios.



Arrivés au parking de Rougios où il était prévu de laisser les voitures, deux tendances s'opposent : celle de Jean-Pierre qui vu le retard accumulé préfère prendre le chemin normal du refuge de Longon et celle de Henri qui s'accroche au topo initial par le Mt Aucelier. Finalement Michelle et Sarah suivent Jean-Pierre, les autres Henri. Seule Odile n'arrive pas à prendre une décision. Elle commence à monter par le chemin du Mt Aucelier, se ravise et redescend pour rejoindre le petit groupe de Jean-Pierre. Mais ceux-là ont déjà disparu, alors la voilà qui remonte pour essayer de rejoindre le groupe du Mt Aucelier. Mais le chemin a une bifurcation qui la laisse perplexe... Bref nous avons failli perdre Odile, chacun la croyant dans l'autre groupe ! Heureusement Henri a entendu des cris d'appel et l'a attendue...

Le chemin normal est charmant, il chemine en balcon à travers la forêt et traverse une multitude de petits torrents. Nous arrivons facilement (1h30) au refuge de Longon (1883) qui est une ferme aménagée en gite. Les propriétaires gèrent un troupeau de vaches dont quelques-unes produisent du lait pour fabriquer le fromage bien connu du Roure (en vente à St Martin de Vésubie... c'est ainsi). Grâce au gite, la ferme complète de façon efficace ses revenus (il se situe à un endroit stratégique du GR5). En plus la cuisine est au top level ! Et cela nous le vérifierons le soir même !
Mais auparavant, Jean-Pierre, un peu vexé de ne pas avoir suivi le plan initial par le Mt Aucelier (2204), se lance à l'assaut du Mt Gravière (2331). L'altitude supérieure de ce sommet par rapport au Mt Aucelier (2124)  lui permettra de faire valoir son effort par rapport aux autres !




Le refuge de Longon (1883)


Le Mont Gravière (vallon de Chastillon au fond)



On remarquera sur l'immense toit de la vacherie les cellules solaires pour l'eau chaude et l'électricité. En effet il y a même des douches chaudes dans ce refuge-vacherie ! Et nous serons logés dans un dortoir pour nous seuls avec deux douches et deux WC ! Top level !

Difficile de décrire le repas, mais la quiche au fromage en entrée était délicieuse et le vin au niveau. D'ailleurs ce dernier est bien descendu...

 
 


Mardi 30 juillet Refuge de Longon - Roya

Réveil le lendemain pour un petit déjeuner à 7h. Ce sera d'ailleurs le régime pendant les 7 jours de la randonnée. Départ vers 7h45 dans le petit froid du matin. La journée est prévue d'être longue avec la traversée du Mounier (2812) et la longue descente sur Roya (1475).
Première étape pour se déshabiller dès les premiers rayons de soleil. Le Mounier nous nargue là bas au fond!!


Passage tranquille des Portes de Longon. Des edelweiss nous saluent au passage, première fleur vraiment montagnarde.

Un chemin horizontal nous permet d'éviter Vignols que l'on voit là en bas. Au fond les Portes de Longon qui ferment ce vallon si riant, habité par les vaches au niveau de la forêt et par les moutons plus haut quand il n'y a plus que de l'herbe. Grand papa adorait ce vallon et m'en avait souvent parlé.

Le chemin se redresse ensuite pour gravie le col des Moulines (1981) par où on peut redescendre sur Beuil. De là le Mounier attire encore le regard... D'ailleurs Sarah ne pourra pas y résister.


Nous profitons de la beauté de la vue à ce col (ici vers le Pommier et le col de la Couillole par où il était prévu de passer dans un premier topo).

A partir du col des Moulines, il va falloir grimper la longue croupe du Mont Démant qui n'en finit pas avec toujours ce Mounier qui nous nargue ou plutôt semble nous mettre au défi d'arriver à le gravir.


Heureusement ce petit bouquet de gentianes bleues nous fait prendre conscience que nous avons désormais quitté les pentes à vache pour la montagne sévère et sauvage. Il ne reste plus qu'à trouver du génépi, mais il faudra pour cela attendre la crête de Parassac !

Arrivés au col de Crousette, passage clé pour redescendre sur Roya, nous décidons d'entamer sérieusement nos provisions de pique nique.


Se pose ensuite la question difficile : doit-on laisser le Mounier invaincu? La tentation est grande d'entamer tout de suite la descente, d'autant que Roya est encore bien loin, à 1200 mètres plus bas! Finalement les trois jeunes relèvent le gant et nous leur confions avec plaisir une délégation complète pour représenter le groupe là haut... Les garçons encadrent gentiment Sarah et Henri me certifie que ses gamins s'occuperont bien d'elle. Par ce geste volontaire, Sarah montre qu'elle domine la randonnée et est bien décidée à la continuer jusqu'au bout!
En attendant les jeunes, les chibanis entament tranquillement la descente à la recherche du meilleur endroit pour la sieste.



 Le pire est que nous laisserons à peine 5 minutes à ces trois jeunes pour se reposer de leur fatigue. Sarah essaye bien d'enlever ses souliers pour reposer ses pieds, mais rien n'y fait : en route pour la grande descente sur Roya ! Il faut arriver avant le dîner pour pouvoir prendre la douche bienfaitrice. Il faut dire que le traitement des pieds de Sarah est compliqué, comme ceux d'Odile d'ailleurs. Beaucoup de morceaux d'élastoplaste et parfois de ces pansements adaptés aux ampoules.















Pour une descente, c'est une descente dont on ne voit pas le bout, une descente qui n'en finit pas. Et pour couronner le tout, une petite remontée nous accueille au fond de la vallée pour atteindre le gite. Mais la récompense est là : un joli petit village bien orienté est-ouest avec d'anciennes fermes restaurées en maisons de vacances. D'ailleurs le serveur (Jean-Luc) du repas nous indiquera le lendemain son chalet bien arrangé dont il loue une partie (500euros la semaine pour 8 couchages...).

Mercredi 31 juillet Roya - Les Tourrès

Au petit matin (enfin vers 8h....), tout le monde se sent d'attaque. Heureusement parce que ce sera une rude journée qui se terminera dans le gite si accueillant de Guylaine.

Nous remontons une jolie vallée souriante plantée de mélèzes et agrémentée de multiples fleurs. Un seuil sévère nous oblige à grimper dur, la vallée est ici bouchée, le torrent disparaît dans une grotte pour ressortir en contre bas. Sur la photo on devine la gorge fermée par ce mur dans lequel le torrent disparaît pour ressortir de l'autre côté.


Le fond de la vallée commence à devenir plus sauvage. On distingue des terrasses aménagées à l'époque où les habitants cultivaient encore le blé. De vieilles maisons isolées parsèment l'alpage.

Mais après cette jolie promenade, les affaires se corsent. Le chemin (qui n'est plus le GR5 que nous avons abandonné à Roya) se réduit à une sente vaguement tracée et qui disparaît complètement dans les roubines schisteuses (le mot "roubine" aurait une origine provençale pour désigner ces gorges de roche schisteuse difficiles à traverser). Chacun ira à sa façon pour éviter de glisser, Marthe tout à fait assurée, Odile visiblement plus inquiète!


Sur cette photo, on voit même le chemin qui s'arrête, emporté par la coulée schisteuse. Et pourtant il faut bien passer...


A la Baisse de Barrel, la cime de Pal se présente splendide et l'envie de la gravir commence à nous saisir. L'idée initiale était d'ailleurs de grimper cette arête sud-est pierreuse, mais nous avons préféré (avec raison) faire une halte qui sera la bienvenue à Tourrès.
A la Baisse de Barel (2242), Jean-Pierre apparaît assez flageolant, ayant déjà vomi deux ou trois fois. Il ne peut rien avaler, mais heureusement Marthe a l'idée de lui donner du sucre. Cette idée géniale sera transcendée par Guillaume qui sort son flacon de rhum, et pas n'importe quel rhum! Du coup Jean-Pierre oublie son mal de ventre et repart de plus belle!

Un dernier passage difficile permet enfin de rejoindre le col de Pal (2208) d'où il ne reste plus qu'à descendre tranquillement jusqu'à Tourrès. C'est du moins ce que nous pensons, mais ce ne sera pas aussi tranquille que nous l'espérions.

Au col, un bon pique nique s'impose, juste au pied de la cime de Pal. Celle-là, ce sera pour demain...

Maintenant la longue descente sur Tourrès nous attend. Il faut d'abord trouver le chemin sur un versant abrupt. Après quelques recherches, nous finissons par le trouver : c'est un chemin assez dégradé qui descend en petits lacets sur une sorte de moraine très raide et en plein soleil (il ne ferait pas bon de la remonter à cette heure là!). Il est certain qu'un mauvais pas serait fâcheux, mais tout se passe bien. Néanmoins c'est assez fatiguant.
Arrivés en bas de cette immense descente, nous trouvons un pont sur la rivière dans laquelle Marthe, trop sevrée de lacs adéquates, s'empresse de prendre un petit bain. Les autres se contentent d'attendre au-dessus, Henri trouvant moyen de s'asseoir sur un nid de fourmis rouges, ce qui l'a presque conduit à suivre l'exemple de Marthe, étant obligé de se déshabiller complètement pour éliminer l'attaque des fourmis devenues folles de rage !
Une petite remontée nous conduit au village de Tourrès. Quelques maisons sont restaurées en particulier celle de Guylaine qui habite là toute l'année bien que la piste d'accès à partir de Chateauneuf d'Entraunes ne soit pas déneigée en hiver. Bien sûr Guylaine a une copine, sa voisine de Chateauneuf, c'est à dire Véga Descamps et nous avions convenu de dîner tous ensemble.
Ce fut une sympathique soirée agrémentée avec un succulent repas plein de verdure en entrée et comme plat de résistance du mouton bouilli avec pommes de terre du coin et des haricots blancs. Ce repas se passe dehors sous le cerisier de la maison.







Sarah semble apprécier ces échanges de chibanis dont elle ne connaît rien. Une façon peut-être de mieux connaître les anciens, leurs aventures et leurs rêves...

Une assiettée de fruits divers fut servie au salon et agrémenta les dernières discussions autour de souvenirs communs. Il faut dire que les familles Descamps et Onimus ont des attaches historiques qui remontent à un premier séjour à Estenc dans les années 50 lorsque le docteur Descamps débarqua sous la tente familiale en demandant : "c'est ici la famille de 7 enfants ?" Justement du côté Descamps il y en avait également 7 à ce moment là.

Le coucher est au top level, avec des chambres, des draps, des douches, etc.! Ce gite est très joli et l’hôtesse est adorable et, pour couronner, le tout excellente cuisinière. A recommander !

Jeudi 1 août Les Tourrès - Estenc

D'abord deux photos de groupe après le petit déjeuner, la première avec Véga et la deuxième avec Guylaine.


Commence maintenant une montée tranquille dans une agréable forêt de mélèzes jusqu'au col des Trente Souches (2017). Et toujours cette fameuse cime de Pal qui domine toute la vallée.

Sarah semble apprécier cette montée calme et ensoleillée...



 Au col des Trente Souches, nous quittons le bon chemin qui descend désormais vers Entraunes pour nous engager sur un chemin moins bien tenu qui grimpe sur l'arête sud-ouest de la cime de Pal (2818). Celle-ci continue à nous narguer de toute sa hauteur, comme dans la photo ci-dessous :


Ce chemin, sans doute construit par des militaires à l'époque de la ligne Maginot, manque d'entretien et se détériore. Il reste intact là où la soldatesque s'est cru obligée de le tailler dans le rocher pour permettre aux mulets de monter les canons. Mais dans la pierraille, le chemin a à peu près disparu et il faut bien choisir où poser son pied (ce qui est très bon contre l’Alzheimer selon Michel !).


Arrivés en-dessous de la Baisse de la Boulière (2629) un débat s'impose pour décider si on continue vers la cime de Pal. J'attaque direct avec Michel et bientôt tout le groupe suit sauf Michelle et Sarah. Cette dernière rêvait depuis l'affaire du Mounier d'en profiter pour faire une sieste trop longtemps désirée...
Le reste du groupe se lance donc à l'assaut de la cime de Pal qui nous nargue depuis 3 jours, après le passage du Mounier. Je l'avais déjà gravie à ski et cela ne change pas trop à pied. On rejoint une grosse croupe où on découvre le beau vallon de Demandols qui descend vers St Etienne de Tinée. Les connaisseurs repèrent même les pistes d'Auron. Le sommet (2818), très facile, offre une belle vue sur le Mounier d'où nous venons et sur tout le massif d'Estenc (Fort Carra et la Côte de l'Âne). Comme c'est un aller-retour, on a laissé les sacs un peu plus bas en omettant les appareils photos, mais, juré craché, nous avons conquis le sommet ! Pour les photos, on se rattrapera à la Tête de Sanguinière (2856).

Le pique nique au col de Gialorgues (2519) permet un repos bien mérité. On voit sur la photo Henri en train de préparer le café traditionnel qui colore chaque jour le pique nique. Café indispensable désormais, il est trop le bienvenu surtout qu'Odile a pensé à approvisionner le chocolat pour tout le monde. Heureusement Guillaume et Julien étaient là pour porter le matériel nécessaire.

La descente du vallon de L'Estrop jusqu'au Louiqs (le gite de Daniel et Gudrun Ferran), pourtant très longue, passera inaperçue pour certains grâce aux talents de conteuse de Sarah. C'est l'histoire d'un prince qui ennuie les trois filles d'un imam. Ce dernier a confié à chacune la culture d'un basilic pendant qu'il effectue son pèlerinage à La Mecque. En passant sous leur balcon, le prince demande à chaque fille combien leur basilic a de feuilles aujourd'hui, ce à quoi les deux ainées pouffent de rire et vont se cacher alors que la dernière répond du tac au tac : "Et toi oh prince qui a étudié, qui connaît le Coran, combien y a-t'il d'étoiles dans le ciel ?", ce qui laisse ce dernier bien interloqué et tout à fait vexé par cette insolente petite fille. Bon, l'histoire continue assez longtemps pour arriver aux derniers lacets de l'Estrop sans s'en apercevoir.
Au Louiqs, clairement nous sommes fatigués parce qu'aucune photo n'apparaît. Mais le repas sera au niveau attendu, même trop parce nous nous laisseront aller et sortiront de table avec un estomac trop rempli.

Vendredi 2 août Estenc - St Dalmas

Départ à 8h comme d'habitude, mais la tête un peu lourde après le trop bon repas de la veille. Nous commençons par le vallon d'Estenc jusqu'aux sources du Var après avoir passé l'hôtel d'Hector, puis une chemin difficile à trouver au milieu des pistes de ski de fond pour arriver enfin à l'entrée de la forêt de Sanguinière. Une pose s'impose à la cabane de Sanguinière qui a abandonné sa vocation de vacherie puis celle des Eaux et Forêts, bien sûr bien installée dans un coin si joli avec le torrent qui chante au soleil.






Plus loin, un lys Martagon (fleurs roses tachetées de brun) nous sourit au passage juste après avoir quitté la forêt. Le col de Sanguinière apparaît enfin au fond, c'est la fin  de la montée.

Arrivés au col de Sanguinière (2601), une longue discussion s'engage sur le meilleur moyen de grimper à la tête homonyme. Finalement Michel (qui n'aime pas les discussions trop longues) attaque par la crête. Personnellement j'envisage avec Marthe de monter par le vallon pierreux qui mène au sommet. Les autres suivent le chemin qui mène au col de Braisse (2599) où nous devrons passer pour la descente vers St Dalmas. Tout cela au grand effarement d'Annou qui voit encore une fois le groupe éclater dans tous les sens! Au bout du compte tout le monde se retrouve au sommet, à la seule exception de Michelle et Annou qui vont nous attendre sous le col de Braisse (2599) à côté d'un petit abri, probable vestige militaire.

Abri du col de Braisse (2599) où se tiendra un bon pique nique après avoir vaincu la Tête de Sanguinière (2856)


Au sommet, une photo de groupe compliquée permet d'entrevoir tout au fond le Mounier d'où nous venons. La photo a nécessité de séparer le groupe en deux pour laisser le Mounier se dévoiler. On remarquera que Marthe (la benjamine des chibanis) a choisi le clan des jeunes, laissant les quatre autres chibanis de l'autre côté !

Toujours au sommet de Sanguinière, Sarah triomphe avec Odile devant Fort Carra et la Côte de l'Âne, le Mounier se profile à l'horizon, ce Mounier qu'elle a su vaincre...

Ce qui nous attend maintenant, c'est la descente sur St Dalmas le Selvage (1500) et ça va être long. Le vallon de Sestrière, pierreux à souhait, déborde de chaleur et nous trouvons la forêt de Sestrière avec plaisir. Et quand en plus une charmante rivière nous accompagne, il est difficile de résister. Michel est le premier à donner le signal et je ne tarde pas à suivre...


Mais dieu que l'eau est froide !  Mais le choc est bon et vous remet d'aplomb. Heureusement parce que nous ne sommes pas encore arrivés !
Plutôt que de suivre la route qui descend du refuge de Sestrière (2000) vers St Dalmas, nous prenons un petit chemin mal entretenu, sans doute le seul chemin existant avant la construction de la route, qui traverse quelques petits hameaux. C'est sans doute plus long mais combien plus agréable. Henri connaîtrait même le propriétaire d'un chalet dans un de ces hameaux et il nous fait miroiter une bière bien fraîche... ce sera un faux espoir. Enfin nous apercevons St Dalmas dans une trouée d'arbre... La douche et le pastis ne sont plus loin !
Le gite dans le village est sympathique. Les jeunes se précipitent à l'épicerie pour un ravitaillement en saucissons, tomates et fruits divers. La nuit sera calme, quoique que moins éclairée par les étoiles qu'aux Portes de Longon.




Samedi 3 août St Dalmas - Bousiéyas

L'avant-dernier jour ! Nous commençons à anticiper l'arrivée au Boisset. Pour cette traversée, nous avions prévu d'abandonner le GR5 au col de la Colombière (2307) pour faire la grande traversée de la Crête de la Blanche.
La montée au col de Colombière (800m) se fait par un bon chemin (c'est quand même le fameux GR5 !), mais il fait chaud. Heureusement il y a de longs passage encore à l'ombre.

Ici, on voit le village de St Dalmas tout en bas et la fameuse cime de Pal au fond du vallon de Gialorgues.

Au col de la Colombière, on assiste au fameux caprice de Sarah... Cette dernière espérait bien descendre directement à Bousiéyas par le GR5 plutôt que de continuer à monter vers La Blanche. Malheureusement les deux sur lesquels elle comptait pour cela finissent par déclarer forfait sous la pression du groupe et la voilà obligée de suivre... Boudeuse, elle prend les devants, dépasse tout le monde et bientôt on ne la voit plus. On la retrouvera au sommet de La Blanche avec les deux garçons d'Henri.
Elle ne regrettera pas la traversée de la crête de La Blanche (2524). C'était magnifique avec une vue superbe des deux côtés. En plus cela rappelle l'avant dernier bébé de l'année, la petite Blanche.

Ici le mont Aunos et la Pointe des Trois Hommes (au-dessus de St Dalmas)

Ici vers la Bonette et le Queyras

Et enfin le col de Colombart (2539) où aura lieu un pique nique mémorable auquel je ne participerai pas, ayant préféré un raccourci pour préserver l'usure de la hanche...

Un petit lac apparaît tout à fait opportun et le pique nique s'établit sur le bord, suivi d'une bonne sieste. Trois gouttes de pluie ayant nécessité de sortir les ponchos, on en profite pour construire des parasols pour se protéger du soleil qui revient toujours aussi fort dans l'air transparent de la montagne.




Evidemment et toujours au grand étonnement d'Annou, le groupe se sépare encore, les Michels décidant de descendre avec Jean-Pierre par le vallon de Chaufréde, balade classique à ski et que nous avait recommandé le gardien du gite de St Dalmas, les autres préférant descendre par le vallon de l'Alpe et rejoindre le GR5 plus bas, vallon d'ailleurs très joli comme le montre les photos suivantes :



Étonnamment tout le monde se retrouve au même moment au gite de Bousiéyas...
Ce gite se loge dans une vieille maison sans doute plusieurs fois centenaire mais bien arrangée avec douches et toilettes multiples. On se repose à l'abri de parasols en travaillant les mots croisés (certains en avaient apportés tout une série !).


Le dortoir est au top, juste pour notre groupe. Sauf qu'il n'y a pas assez de matelas pour les Michels, logés dans un autre dortoir. Bien sûr dans ce dortoir, des gens refusent d'ouvrir la fenêtre, un comble pour les Michels (et je les comprends...). Le problème sera facilement résolu en transportant deux matelas dans notre dortoir. La machine qu'on voit sur la photo au milieu du dortoir est un van. Cela servait à nettoyer les grains de blé en les secouant. Dans certains pays, la méthode ancienne consistait à lancer les grains en l'air et laisser le vent emporter les enveloppes plus légères (tout comme la méthode ancestrale des Onimus avec les olives!). A Bousiéyas, il y a longtemps qu'on ne cultive plus de blé... tout comme les vaches que nous avions connues juste après la guerre. Il ne reste plus que le gite et quelques fermes transformées en maisons de vacances

Encore sur cette photo, on voit une belle table dont certains profiterons après le dîner pour se lancer dans un jeu de cartes imaginé par Odile. Mais cela n'empêche pas Henri, puis Jean-Pierre se s'endormir immédiatement malgré les éclats de voix !



Après le repas, Jean-Pierre philosophe devant son café...


Dimanche 4 août : Bousiéyas - Le Boisset à Larche

Départ matinal comme d'habitude (enfin vers 8 heures) pour une première montée au Camp des Fourches et le col des Fourches (2261). En passant à côté de cet ancien casernement militaire, nous nous remémorons avec Michel nos folies enfantines quand nous grimpions avec les Veisse de Bouziéyas, où les parents avaient négocié un logement dans une ferme, pour nous amuser avec toutes les armes que les allemands avaient laissées en s'enfuyant à la fin de la guerre. En particulier, les garçons Veisse nous avaient enseigné à démonter la balle des cartouches et récupérer la poudre que nous répartissions sur le sol pour former un Z. Il suffisait ensuite d'allumer à un bout et Zorro resplendissait. Sans compter le canon anti-aérien dont on s'amusait à tourner toutes les manivelles pour l'orienter contre le moindre avion imaginaire... Bref de la folie dont les parents ne se doutaient pas...

Le col des Fourches (2261) est atteint

Devant un petit blockhaus de la dernière guerre, on regarde le Pas de la Cavale qu'il va falloir franchir et qui paraît encore si loin... (à gauche dans la crête rocheuse).

Malheureusement il faut redescendre environ 200 métres pour se trouver au fond du Salso Moreno (paraît-il nommé ainsi par les armées espagnoles qui occupaient le coin en 1440 au temps où le comté de Savoie leur appartenait (http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Savoie#Duch.C3.A9_de_Savoie_et_Royaume_de_Sardaigne_.281416_.C3.A0_1792.29).

De la cabane du berger, au fond du Salso Moréno (2031) , on voit le Pas de la Cavale (2671) à gauche dans les falaises. Comment va t-on franchir cette barrière qui semble insurmontable ?

Une halte s'impose au pied d'un rocher avant d'attaquer la phase finale du Pas de la Cavale... Celle qui s'engage dans le rocher pur et dur...


















Finalement le Pas de la Cavale (2671) est atteint sans problème. Sarah négocie admirablement le chemin pourtant un peu vertigineux et la voilà bien contente de terminer la montée du jour... Mais c'était sans compter sur les élucubrations des chibanis...






Sur la photo suivante, on voit le Rocher des Trois Évêques (2868), premier sommet avant l'Enchastraye. Sarah débouche tout juste des derniers lacets dans la rocaille, bien contente d'arriver au col !


On est trop bien sur ce Pas de la Cavale, plus de souci il suffit de descendre tranquillement sans se presser, le Boisset est tout proche... Mais ce serait trop simple. Voici qu'un randonneur nous propose de nous prendre en photo, ce que nous acceptons bien sûr :

Mais ne voilà t-il pas que ce randonneur nous demande un renseignement en échange de sa coopération : y aurait-il un chemin pour rejoindre les lacs des Hommes ? Rapidement nous entrevoyons une échappée intéressante pour éviter la descente du GR5 par le lac du Lauzanier et toute la foule qu'il doit y avoir. Aussitôt pensé, aussitôt décidé, malgré le ronchonnement de certains. La perspective d'un bain dans un lac désert lève toute objection.
Un chemin, il n'y en a pas, çà c'est sûr ! Tout au plus quelques vagues cairns et il nous faut de nouveau marcher dans une caillasse épouvantable et pratiquer quelques ramasses sur les névés restants. Cela donnera l'occasion à Sarah d'engager une bataille de boules de neige mémorable : "Une bataille de boules de neige en plein mois d'août !" dira-t-elle enchantée. Il faut dire qu'à Washington, ce serait sans doute assez difficile...




Après ces mémorables batailles de boules de neige, on finit pas arriver aux lacs des Hommes sans avoir rencontré âme qui vive sauf le couple initiateur de l'aventure et qui nous a suivi. C'est vraiment le chemin approprié pour ceux qui n'aiment pas trop la foule.
Le premier lac apparaît, fantastique. Pas une hésitation, tout le monde à l'eau !


Sarah triomphe dans l'eau, elle ne veut plus sortir ! Pourtant il ne fait pas chaud, l'eau est plutôt fraîche et le soleil a tendance à se cacher derrière quelques nuages...



Enfin repartis, voilà le deuxième lac des Hommes... Mais le premier était au top. On remarquera qu'il reste quelques névés, ce qui laisse imaginer la température de l'eau !

La suite se passe de photos... D'abord une descente qui rejoint les Champs-Elysées locaux : le vallon du Lauzanier. Un chemin tout poussiéreux à force d'être utilisé, un monde fou qui redescend avec nous. On parle toutes le langues, même "russe" (c'est à dire ni allemand, ni anglais...). Puis le long chemin plat où la hanche fatigue pour arriver enfin aux premières marmottes de service. On se demande si ces marmottes n'ont pas été domestiquées par les gardes du parc pour attirer le touristes, on pourrait presque les caresser! Voir la première marmotte ainsi domestiquée est bon signe, cela veut dire que le parking n'est pas loin (c'est à dire les trois pas maximum que la plupart des gens arrivent à faire en sortant de leur voiture...).
Au parking, une surprise : la navette arrive juste. Je saute dedans, trop content d'épargner à ma hanche la route jusqu'au Boisset. En chemin, on dépasse les Michels auxquels je commence à faire des signaux moqueurs quand la navette n'arrête pour les faire monter ! Sympa la navette...
La soirée au Boisset sera tout à fait au niveau attendu, même largement dépassé ! D'abord je prends une délicieux bain dans le torrent, puis j'y entraîne  les autres. C'est trop bon ce torrent qui bouillonne autour de votre corps et efface la fatigue et la poussière du chemin.
Voici que Christine arrive avec toute la nourriture et nous nous empressons (les Michels et moi) de l'aider à tout décharger. Il ne reste que quelques abeilles visiblement en fin de vie et nous utilisons les bombes apportées par Christine pour libérer définitivement la porte d'entrée. Il y a bien un nouveau nid de guêpes sur la fenêtre de l'étage, mais Michel se charge de le traiter efficacement.
Le repas du soir apporté par Christine sera sainement fêté : du melon, des crudités, une excellente daube, la spécialité d'Henri qu'il avait préparée avant la randonnée et congelée... Sans compter le pastis en entrée et le vin qui coulait à flots...

Extraits du Cantique de frère Soleil (rédigé en dialecte ombrien en l'an1225 par François d'Assise)

Loué sois-tu, mon Seigneur,
Avec toutes tes créatures,
Surtout Messire frère Soleil,
Qui donne le jour et par qui tu nous éclaires,
Il est beau et resplendit de tous ses rayons.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour sœur Lune et pour les Etoiles,
Tu les a façonnées dans le ciel,
Claires, précieuses, belles.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour frère Vent, pour l'air et pour les nuages,
Pour le ciel bleu et pour tous les temps,
Par qui tu tiens en vie toutes tes créatures.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour sœur Eau,
Si utile et si humble,
Si précieuse et si chaste.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour sœur notre mère la Terre,
Qui nous nourrit et soutient,
Et produit fruits variés,
Et fleurs diaprées, et toute herbe.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour notre sœur la Mort, au dedans du corps,
A qui nul ne peut échapper.